LA RAFFINERIE SAINT-LOUIS – LE SUCRE

Le 29 Novembre 2025, une cinquantaine de personnes étaient venues écouter l’histoire de la Raffinerie Saint Louis par Alain Michaut, qui a fait toute sa carrière au sein de différentes raffineries, à Paris,dans le Nord et qui a terminé son très long périple, en qualité de responsable du service du Stockage Entrée/Sortie pendant plus de vingt ans à la Raffinerie Saint Louis à Marseille.

Si on en croit l’histoire, ce sont les Croisés qui font connaître le sucre. Mais il semblerait que la canne à sucre ait mis longtemps à arriver à Marseille.

En 1811 Napoléon 1er encourage le sucre de betterave. Le blocus anglais interdisant tout commerce par bateaux. Il remet d’ailleurs la légion d’honneur à Benjamin DELESSERT pour ses travaux sur l’extraction du sucre de betterave. Ce dernier possédait à Paris une raffinerie de sucre de canne puis de betterave à Passy. Son frère quant à lui, exploitait une raffinerie à Nantes.

A la fin de l’empire s’ouvre la bataille Canne contre Betterave.

C’est en 1831 qu’est créée la Raffinerie dans le quartier de Saint Louis à Marseille. Les approvisionnements se faisaient par bateaux ou par trains.

Entre 1821 et 1872, il existe plus de 12 raffineries de sucre à Marseille. Ces raffineries travaillaient le sucre de canne et la betterave. Elles vont se concurrencer et finalement se regrouper sous le nom de Société Anonyme des Raffineries de Sucre Saint Louis. En 1867, la production est de 100 tonnes par jour. La production de betterave atteindra en 1869, 282 000 tonnes principalement dans le Nord de la France.

Le 4 septembre1884 l’usine Saint Louis est détruite de fond en comble par un incendie au cours duquel durant trois jours le sirop coula le long des caniveaux de la route d’Aix. Deux ans après, l’usine est reconstruite.

En 1928, la Raffinerie Saint Louis exporte 100 000 tonnes sur les 175 000 qu’elle produit.

De 1946 à 1954 , un plan de modernisation dans le but d’optimiser la mécanisation et le processus de raffinage. En 1960, l’usine de Saint Louis devient la Société Industrielle des Raffineries de Sucre de Saint Louis.

La reproduction se répartissait entre sucre cassé (ancêtre du morceau) et des pains de sucre exportés par l’Afrique. Ces pains sont emballés dans du papier avec écusson, dans la paille et ficelés dans des sacs de jute. Les emballages des pains étaient récupérés par les vendeurs. La paille pour l’âne, le sac de jute était réutilisé, la ficelle servait au colis et même l’écusson était utilisé pour un maquillage féminin.

Le sucre en morceaux apparait à la fin du XIX ème siècle moulage à plat.

L’exploitation des pains de sucre sera arrêtée en 1976.

L’arrivée de la guerre 14/18 arrêtera le sucre de betterave du Nord. La Société se tourne vers le sucre de canne.

Paul DESBIEF, à la fin du XIXème siècle, consolide la société que nous connaissons. En 1917, à l’aide de la fondation Saint Louis, ce directeur marseillais , convertit l’hôpital auxiliaire de la Croix Rouge installé dans une école de garçons du 3 ème arrondissement, appelé Hôpital Saint Louis, il deviendra l’hôpital DESBIEF , aujourd’hui connu sous le nom d’ Hôpital Européen.

La société Saint Louis va croître au Maroc et à Madagascar principalement en 1928.

En 1968, les Raffineries de Saint Louis deviendront Générale sucrière, par regroupement de sucreries de betteraves de la Somme, du Calvados, de l’ Aisne, du Nord, de la Marne et de la Saône.

Saint Louis sucre sera racheté par Tirlemont, une société belge.

Aujourd’hui, dans le monde, il est produit 20% de sucre de betterave et 80% de sucre de canne.

L’établissement de Marseille est plus spécialement chargé de la raffinerie, du conditionnement et du sucre liquide. Le sucre est entreposé dans le magasin à fond plat, d’une capacité de 27 000 tonnes d’ où il sera soutiré par des trappes en sous-sol pour être chargé sur camion.

Les sucres viennent du monde entier, des DOM-TOM principalement Antilles, Réunion, et Maurice mais aussi de petits pays comme le Swaziland au nord de l’ Afrique du Sud, Cuba, Brésil.

Le sucre brut arrive au port de Marseille sur un quai dédié.La quantité par bateau avoisine les 13 000 tonnes. Une grue spéciale est utilisée pour le déchargement. le sucre est déposé sur un tapis qui mène à la tour de pesage et de prélèvement automatique. Tous les jours, il est monté 900 tonnes par camion dédié.

La première étape est l’affinage qui est le mélange du sucre roux pour le rendre pâteux. Ensuite vient la carbonation puis la filtration, ensuite c’est le stade de décoloration et d’ évaporation puis c’est la cristallisation 1er jet, puis la cristallisation 2ème jet, ensuite le produit est dirigé vers le silo sud , où est récupérée la mélasse.

Tout ce processus complexe pour nous permettre d’ avoir sur notre table un petit morceau de sucre pour rendre notre vie plus douce.

( texte écrit par Éliane Tougeron )