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HYNOVERA : RECUL TACTIQUE ?..

Suite à la consultation publique tenue au dernier trimestre 2022 et au rapport de la Commission nationale du débat public sur cette consultation, rendu à la fin du premier trimestre 2023, les promoteurs du projet Hynovera ont annoncé qu’ils le modifiaient.

Effectivement, il leur était difficile de passer outre le rejet massif du projet par les populations et les municipalités impactées.

Rappelons qu’il s’agissait de créer sur le site de la centrale thermique de Gardanne une usine produisant de l’hydrogène, de l’oxygène, du méthanol, du diesel et du kérosène, classée Seveso en raison de sa taille et de la dangerosité de ses productions.

Peu d’indications ont été données sur les modifications, qui sont en cours d’étude :

  • L’usine ne produirait plus que du kérosène de synthèse pour l’aviation : plus de méthanol ni de diésel. De ce fait elle ne serait plus classée Seveso.
  • ll y aurait toujours production d’oxygène et d’hydrogène par électrolyse de l’eau.
  • L’unité d’électrolyse serait couplée à une unité de distillation de de biomasse fermentée et/ou de captage de CO2 (gaz carbonique)
  • L’utilisation de l’eau qui a ennoyé les anciennes mines de charbon serait à l’étude, ce qui permettrait de ne pas faire appel à l’eau fournie par le canal de Provence, ressource en tension.
  • La dimension du projet serait divisée par deux et le coût du projet passerait ainsi de 460 à 250 millions d’euros.

Par rapport à l’ancien projet, on note deux éléments favorables :

  • La réduction de la taille implique une réduction des risques et des nuisances.
  • L’abandon de l’utilisation de plaquettes forestières préserverait la filière bois de la Provence.

En revanche, les éléments négatifs sont encore nombreux et s’ajoutent à plusieurs réserves importantes :

  • Alors que le projet est encore à peine esquissé, avec un processus industriel encore à l’étude, son coût est déjà affiché. Comme par hasard, il atteint tout juste le seuil à partir duquel un débat public est obligatoire. Et les porteurs du projet considèrent que puisque celui-ci est modifié, un simple complément d’information suffira. Autrement dit, pour s’exprimer les riverains devront se contenter d’une enquête publique lorsque le projet sera ficelé. Habile précaution des promoteurs vu l’hostilité manifestée lors du débat public sur le projet Hynovera. Or, les modifications annoncées par les promoteurs sont si importantes qu’on est en droit de considérer qu’il s’agit en fait d’un nouveau projet et non d’un « Hynovera bis »…
  • S’il y aurait réduction des risques compte tenu de la réduction de la taille du projet, il y aurait aussi réduction du niveau des mesures de sécurité puisque l’usine ne serait plus classée Seveso. Or, même en plus petites quantités l’oxygène et l’hydrogène sont des produits dangereux, tout comme le kérosène.
  • Le recours à la distillation de biomasse fermentée entraînerait une nouvelle nuisance : les odeurs propres aux fermentations. On se souvient que durant la prohibition de l’alcool aux USA ce sont ces odeurs qui permettaient à la police de débusquer les distilleries clandestines, même les plus isolées. Bien sûr, le projet ne manquera pas de garantir que ces odeurs seront annihilées par des filtres ad hoc. L’expérience récente de l’usine Lafarge ne peut qu’inciter à la plus grande réserve dans ce domaine…
  • Lors du débat public sur Hynovera, l’argument-massue opposé à une localisation à Fos-sur-Mer a été l’impossibilité d’y acheminer l’électricité nécessaire. Or, le nouveau projet affiche une consommation électrique 10 fois moins importante ce qui paraît de nature à ruiner cette objection…
  • Lors de la présentation du projet finalisé les promoteurs devront préciser la nature et les tonnages des approvisionnements, par catégorie. Car les indications fournies jusqu’à présent sont en effet très vagues : il est question de biomasse non alimentaire, de résidus d’exploitation forestière (produits connexes de bois d’œuvre par exemple), de noyaux d’olives, de ceps de vigne… Il importera de vérifier si les ressources disponibles seront compatibles avec les besoins du projet, en tenant compte des besoins affichés par la centrale thermique à biomasse, afin d’être certain qu’il n’y aura pas d’impact négatif sur la filière bois en Provence.
  • La mention, comme ressource, des produits connexes de bois d’œuvre établit implicitement un lien direct avec le projet de scierie géante sur le même site, porté par la SOFEB, dont on connaît par avance l’impact désastreux sur l’environnement en matière de trafic de camions, de bruit et de poussières.
  • Au nom des synergies possibles, la réalisation du projet « HYNOVERA bis » ne pourrait que conforter la vocation donnée par les pouvoirs publics au périmètre de la centrale thermique, celle d’un vaste pôle de valorisation des déchets… au sein d’un territoire très urbanisé.  Alors que, très légitimement, les riverains se prononcent pour un pôle dédié aux loisirs, à la culture et à la recherche-développement. De plus une fois dans la place rien n’empêchera l’usine de grandir par extensions successives, toujours avec le soutien des pouvoirs publics.

Affaire à suivre donc, avec un rendez-vous théoriquement en fin d’année pour la présentation d’un projet finalisé.

JP Roubaud 22/05/2023

Les pins parasol de l’avenue Thiers sont sauvés !

Le projet de poursuite de l’aménagement de l’avenue Thiers, de Sauvecanne au Puits Morandat, a soulevé une légitime émotion parmi les riverains et les usagers de cette voie.

En effet, ce projet prévoyait l’abattage du splendide alignement de pins parasol situé entre l’avenue Paul-Emile Victor et l’allée de la Crau pour réaliser une voie réservée aux mobilités douces (piétons, vélos et trottinettes non électriques roulant à moins de 30 km/h).

L’ADSB s’est mobilisée aux côtés de l’association Bouc Bel Air Environnement pour faire remonter cette préoccupation auprès des décideurs et mettre en avant un projet alternatif basé sur des relevés de terrain.

Mais le Département, maître d’ouvrage du projet, n’a laissé d’autre choix à la municipalité que le maintien du projet initial avec suppression des pins ou l’interruption, le long de l’alignement de pins, de la voie prévue pour les mobilités douces.

Dans ces conditions, le maire a tranché en faveur de la sauvegarde des pins, ce dont nous nous félicitons. D’autant plus que, dans le même temps, les excroissances racinaires qui soulevaient la chaussée ont été rognées : désormais elles ne constitueront plus un réel danger pour les cyclistes et un fort désagrément pour les automobilistes. Rappelons par ailleurs que les cyclistes roulant à une allure modérée peuvent continuer à emprunter, sur environ les ¾ du tronçon concerné, l’espace existant entre les murs de clôture et les pins, déjà utilisé pour les mobilités douces.

Signalons enfin que les aménagements de sécurité prévus par le projet aux carrefours situés aux deux extrémités du tronçon seront bien réalisés.

                                                                                   JP Roubaud 03/05/2023

LE PROJET HYNOVERA VERRA-T-IL LE JOUR ?

Sur 6 ha du site de la centrale thermique de Gardanne-Meyreuil l’entreprise allemande HY2GEN projette d’installer une usine produisant des carburants dits verts à partir d’électricité dite verte, d’eau et de biomasse forestière, opérationnelle en 2027.


LE PROJET
Il couple deux chaînes de production. La première produirait de l’oxygène et de l’hydrogène par électrolyse qui, grâce à l’électricité, casse les molécules d’eau. La deuxième serait une usine de gazéification de biomasse forestière pour en extraire le carbone en utilisant la chaleur de combustion d’une partie de l’hydrogène produit. Le gaz obtenu, mélange de monoxyde de carbone (CO) et d’hydrogène, serait enrichi par de l’hydrogène et de l’oxygène produits par l’électrolyse et passerait dans un réacteur où, sous certaines conditions de température et de pression et en présence d’un catalyseur, il y aurait recombinaison des molécules.

En sortie, le gaz serait condensé sur une colonne à plateaux permettant de recueillir du kérosène, du méthanol et du diesel, carburants de synthèse destinés aux bateaux et aux avions, et du naphta paraffinique utilisé par certaines industries. La production de méthanol n’est prévue que dans une deuxième phase (2030). Les résidus seraient des scories contenant la partie minérale du bois, utilisables comme scories ou évacuées en décharge.


En raison des risques d’incendie et d’explosion, l’usine serait classée SEVESO donc soumise à de strictes conditions de conception et d’exploitation.

Pour éviter de se tromper de cible, il est important de noter qu’il n’y aurait ni combustion de bois ni émission de dioxyde de carbone (CO2).
Si les processus industriels sont connus depuis longtemps, ce sera la première fois qu’ils seraient couplés. C’est pour cela que les porteurs du projet le désignent comme un prototype. Ce qui signifie certainement une période assez longue de tâtonnements et de réglages…


LE FINANCEMENT
Ce projet a été retenu par le Pacte de territoire conclu en 2020 pour accompagner la reconversion de la centrale thermique de Gardanne – Meyreuil et a déjà bénéficié de concours de l’Etat (Fonds charbon) et de l’ADEME pour les études de faisabilité. Et la région PACA le soutient. Au total, pour un coût estimé à 458 millions d’euros, le projet devrait recueillir 163 millions d’euros de subventions, soit un taux de 36 %. Rapporté aux 200 emplois supposément engendrés par le projet (50 directs et 150 induits), cela représente 825 000 euros de subvention par emploi créé ! Le reste du financement proviendrait de fonds propres de l’entreprise HY2GEN (40 %) et de prêts bancaires (24 %).


LE DEBAT PUBLIC
Créée en 2002 sous sa forme actuelle, la Commission nationale du débat public (CNDP) est une autorité publique indépendante dont la mission est de veiller à l’information du public en amont des grands projets d’aménagement ou d’équipement et à sa participation à l’élaboration de ces projets. A cette fin la CNDP organise des débats dont ses représentants sont les garants de la publicité et de la bonne tenue, en particulier sur la sincérité des informations transmises par les porteurs de projet. Mais elle n’a pas à se prononcer sur les projets eux-mêmes.

Sous son égide, 6 réunions publiques avec le porteur de projet, des représentants des services de l’Etat et des experts ont été organisées sur le projet Hynovera de septembre à novembre derniers, alternativement dans les communes de Meyreuil et Gardanne. Ces dernières ayant peu informé sur la tenue de ces réunions, la fréquentation n’a été que d’une centaine de personnes au début mais elle est passée ensuite à environ 500 et a dépassé 800 lors la réunion finale.


Globalement l’objectif de la CNDP a été atteint, mais la réponse à de nombreuses questions a été renvoyée aux conclusions d’études en cours, permettant ainsi au porteur de projet de se défausser face aux questions embarrassantes, notamment sur les impacts et les risques.


PRINCIPALES CRITIQUES
Nous n’évoquerons pas la notion fort contestable de carburant vert car elle n’est pas du fait du porteur de projet mais de l’Union européenne et, faute de place, nous ne serons pas exhaustifs. Ainsi nous ne traiterons pas la forte consommation d’électricité prévue (équivalente à celle de plus de 200 000 foyers), ni du bruit, ni du surplus de camions qui emprunteront des voies déjà très chargées, ni des partenaires financiers, etc.


Une usine chimique Seveso parachutée au beau milieu d’habitations
Dans un cercle de 1 km autour du site Hynovera se trouvent 2 500 logements où vivent 5 000 personnes, ainsi que des bâtiments publics (écoles, crèches, gymnases…). On imagine aisément les dégâts humains et matériels que causerait une catastrophe comme celle de La Mède, AZF ou Lubrizol. Dans un rayon de 4 km on trouve la quasi-totalité des habitants de Meyreuil et Gardanne plus une partie de ceux de Fuveau et de Bouc Bel Air, soit plus de 25 000 personnes. Or, l’impact des catastrophes que nous venons de citer a dépassé 4 km. Et la bastide de La Salle est à moins de 5 km.


Face aux contestations des riverains, trois types d’arguments ont été avancés :
– Pourquoi vous plaindre de l’implantation devant chez vous d’une usine Seveso alors que vous-même avez choisi d’habiter devant une centrale Seveso ? Une telle rhétorique est inacceptable. En effet, dans le cas de la centrale, la plupart des riverains ont choisi de s’établir à proximité, alors que dans le cas d’Hynovera on leur impose la proximité d’une deuxième usine SEVESO.
– Le promoteur jure que tout sera sous contrôle et rappelle que le dossier n’aboutira qu’après examen pointilleux des experts de l’Etat et autorisation du préfet. C’est oublier que le préfet peut ouvrir son tiroir à dérogations et passer outre aux réserves de ses services. Et aussi la faiblesse du niveau de contrôle dans notre pays : le nombre de contrôles y a diminué de 28 % en 15 ans et la comparaison avec des pays voisins, comme l’Allemagne, est édifiante. Chacun sait que le risque zéro n’existe pas. AZF et Lubrizol étaient aussi sous contrôle ce qui n’a pas empêché la catastrophe. Et l’incendie Lubrizol à Rouen il y a trois ans a montré que les services de l’Etat ignoraient presque tout de la nature et du volume des produits stockés.
– En France, 2,5 millions de personnes vivraient à moins de 1 km d’un site Seveso. Mais il ne nous a pas été précisé combien de ces personnes s’étaient installées après la construction du site, donc en connaissance de cause…
Notons enfin qu’au cours de la réunion publique du 9 novembre le directeur du projet Hynovera a déclaré que l’hydrogène n’explose pas, alors qu’en Norvège une explosion s’est produite le 10 juin 2019 sur une station-service suite à une fuite d’hydrogène à l’air libre : ou il n’est pas au courant, ce qui est inquiétant, ou il l’est, et un tel mensonge est encore plus inquiétant…


La ressource en bois est loin d’être assurée
Le plus grand flou entoure les perspectives d’approvisionnement, d’autant que les chiffres fournis sont exprimés tantôt en tonnes tantôt en m3. Certes la région PACA est la deuxième région forestière de France mais la forêt y est fragile, sa productivité est faible en raison notamment des difficultés d’accès à la ressource pour la moitié de sa surface, et elle est soumise à un fort risque incendie et à des risques sanitaires aggravés par le changement climatique. De plus, la demande en bois-énergie a fortement cru ces dernières années.


Les prévisions des services de l’Etat – doublement de la production de bois-énergie sur la période 2019 – 2029 – semblent bien trop optimistes : le sentiment général est que le compte n’y sera pas. Le promoteur semble d’ailleurs le partager puisqu’il affirme que la mobilisation du bois pourra être accrue non pas en multipliant les coupes rases mais en allant chercher le bois là où les forêts sont peu ou pas exploitées à cause des difficultés d’accès, et en persuadant les propriétaires privés de pratiquer une gestion raisonnée de leurs forêts, donc des éclaircies.


Tout repose donc sur des pétitions de principe… De plus, le promoteur affirme que tout le bois utilisé sera certifié, c’est-à-dire issu d’une gestion durable de la forêt. Or en PACA, où deux tiers des forêts sont privées, depuis 25 ans que la certification existe, seules 4% des forêts privées sont certifiées. On voit mal comment d’ici 7 ans il sera possible d’augmenter fortement ce taux… à moins de marabouter les propriétaires !


Il en est de même pour la ressource en eau
Pour le promoteur, le canal de Provence qui est à proximité constitue une ressource assurée, d’autant plus que la consommation, si elle est importante (l’équivalent d’une piscine olympique par jour), ne représente qu’une faible proportion de l’eau délivrée par ce canal. Mais la sécheresse de cet été et les restrictions de consommation qu’elle a entraînées viennent fissurer cette belle assurance : il n’y a qu’à considérer l’état dans lequel était le Verdon (cf. l’article suivant)… Du coup le promoteur, en guise d’écran de fumée, met en avant la possibilité de solutions alternatives (pompage dans les mines ennoyées, dessalement d’eau de mer…) qui n’ont manifestement pas été étudiées et qui ne pourraient que renchérir fortement des coûts de production déjà élevés.


HYNOVERAL’BOL !
C’est une véritable aberration que de dépenser une somme colossale pour installer au milieu d’habitations une usine expérimentale dangereuse et dont les ressources en matières premières comme le bois et l’eau sont loin d’être assurées, tout cela pour créer peu d’emplois, la plupart peu qualifiés, et fournir aux clients potentiels une infime partie des carburants qu’ils consomment. L’Etat et la Région ont-ils évalué de combien d’éoliennes et de panneaux solaires ils pourraient favoriser l’installation en PACA grâce aux 165 millions prévus pour le seul projet Hynovera ? Pourtant, là il s’agit bien d’énergie renouvelable et non de greenwashing comme ici.


Comme l’a montré le débat public, des solutions alternatives existent pour valoriser cette friche industrielle en tournant le dos à l’industrie lourde : centres de recherche et de formation, start-up, parc de loisirs, la palette est large.


Il est donc nécessaire que chacun participe à la mobilisation citoyenne et pacifique grandissante pour faire capoter ce projet, d’autant que d’autres projets Seveso pointent leur nez : il faut être bien conscient du fait qu’une fois le robinet à Seveso ouvert il sera quasiment impossible de le refermer et qu’on va assister ainsi à la création d’un gigantesque complexe chimique dans un milieu fortement urbanisé. En effet, plus il y aura d’usines dangereuses sur le site, moins les surfaces restantes seront attractives pour des projets alternatifs riches en emplois qualifiés ou ouvertes au public.


Si ce n’est déjà fait, nous vous invitons donc à signer la pétition lancée par le collectif CONTRE HYNOVERA, sur le site Change. Org ou la page Facebook STOP au projet de raffinerie Gardanne – Meyreuil


Jean-Pierre Roubaud
08 12 2022

SAUVONS LES PINS PARASOL DE L’AVENUE THIERS !

La municipalité de Bouc Bel Air a récemment organisé des réunions publiques pour présenter le projet d’aménagement de l’avenue Thiers porté par le Conseil départemental.

Il s’agit de poursuivre jusqu’au Puits Morandat, en trois tranches et de la même manière, l’aménagement d’une voie verte déjà réalisé de San-Baquis au chemin de Sauvecanne.

On ne pourrait que se réjouir de ce projet car il va améliorer la sécurité sur cette voie fréquentée par plus de 9 000 véhicules par jour et favoriser les mobilités douces (piétons, vélos, etc.). Mais il contient un élément inacceptable : l’arrachage de la soixantaine d’arbres situés entre l’avenue P. E. Victor (feux tricolores) et l’avenue de la Crau, essentiellement de magnifiques pins parasol d’une cinquantaine d’années.

Après l’abattage sans concertation il y a quelques années de 92 superbes cyprès bleus protégeant du vent le tennis municipal, c’est un nouveau massacre à la tronçonneuse qui est prévu juste à côté !

Ce projet a manifestement été conçu dans l’optique d’aménagement ayant prévalu jusqu’au tout début de ce siècle, où les arbres d’intérêt présents ne constituent qu’une variable d’ajustement. De nos jours l’optique a totalement changé, c’est le projet qui doit s’adapter à l’existant et non le contraire. Et le remplacement de pins parasol ne nécessitant aucun arrosage par de jeunes arbres d’autres espèces qui devront être arrosés pendant plusieurs années et des jardinières nécessitant un arrosage permanent est un non-sens au moment où les sécheresses sont de plus en plus nombreuses et sévères : rappelons que, sur instruction préfectorale, la municipalité a dû arrêter cet été l’arrosage des bacs à fleurs et des pelouses.

Mais tout n’est pas perdu. D’abord parce que des relevés effectués par l’ADSB ont montré que le projet n’était pas du tout incompatible avec le maintien de la quasi-totalité des arbres, la présidente de l’ADSB en a informé les autorités concernées. Ensuite, car depuis 2016 l’article L 350 – 3 du code de l’environnement stipule qu’un projet d’aménagement ne peut détruire un alignement d’arbres sans l’accord du préfet. De plus, en supprimant l’abattage-replantation et l’implantation de jardinières sur la section concernée, l’aménagement y serait certainement moins coûteux, sans parler des économies d’eau.

Le projet étant susceptible d’être modifié par le Département, les pins peuvent être sauvés. Mais pour cela il est indispensable que chaque personne se sentant concernée par ce gâchis se joigne à la mobilisation qui est en train de se développer : AUX ARBRES CITOYENS !

Jean-Pierre Roubaud

08 12 2022

FIGUIER DE BARBARIE – Lettre de la présidente de l’ADSB adressée au maire de Bouc Bel Air le 27 septembre 2021




Monsieur le Maire,


Plusieurs adhérents de l’ADSB m’ont fait part de leur inquiétude quant à l’envahissement progressif de la colline Sous le Crêt par le figuier de Barbarie. Ceux des participants au récent rallye pédestre organisé à l’occasion du cinquantenaire de l’ADSB pour qui ce lieu n’était pas familier ont été surpris par son abondance.

Cette espèce exotique envahissante, de la famille des cactus, est déjà bien présente dans la zone très rocailleuse située à l’est et se développe à présent vers l’ouest où de très jeunes pieds sont observés jusqu’au chemin de la Baume du Loup.

Nous sommes conscients que ce phénomène n’a pas de conséquences sur la sécurité publique, et aussi que certains riverains apprécient le caractère exotique du figuier de Barbarie.

Mais sur le plan environnemental cette évolution est tout à fait regrettable, car elle met en péril un paysage familier comprenant des séquences de pelouse sèche, présentes en particulier de part et d’autre du chemin qui conduit en ligne droite de l’avenue Thiers au terrain de boules et déjà souvent malmenées par les sangliers.

L’étude sur la biodiversité menée dans le cadre de la révision du PLU n’évoque pas ce sujet car elle est centrée sur les espèces endémiques à protéger le cas échéant.

Si rien n’est fait, en une génération cette colline très prisée des promeneurs aura un petit air de djebel. Cette prévision peut paraître excessivement pessimiste eu égard à la situation actuelle, mais nous sommes certains que tout botaniste spécialiste des plantes invasives pourra vous la confirmer.

D’ores et déjà on peut en observer une sorte de préfiguration : par exemple en prenant à droite juste après la barrière située au bout de la voie desservant le lotissement du Soleil et en longeant les clôtures riveraines le plus loin possible ; ou, à l’autre extrémité, en observant la zone située en contrebas de l’Hôtel de ville. On rencontre d’importants îlots qui constituent autant de centres de dissémination.

Il serait irréaliste de viser une éradication : il faudrait pour cela extirper à la barre à mine des quintaux de matériel végétal et les évacuer. Car une fois arrachées, ce qu’on appelle communément les raquettes se bouturent si elles sont laissées sur le sol et donnent rapidement naissance à de nouveaux individus. C’est cette nécessité d’évacuer et de détruire qui rend la lutte individuelle impossible : s’il est facile d’arracher un jeune plant avec les pieds et un bâton de marche, il est difficile de le mettre ensuite dans un sac à dos pour le porter à la déchetterie…

En revanche il paraît tout à fait envisageable de contenir l’espèce là où elle commence à peine à s’implanter, c’est à dire dans la partie occidentale où se trouvent les pelouses sèches.

Le plus expédient nous paraîtrait être, après avoir mené une campagne d’information, d’organiser une journée annuelle de mobilisation citoyenne où, avec l’appui logistique des services techniques municipaux, des volontaires s’emploieraient à détruire et évacuer les jeunes plants, avec les conseils techniques du Parc National des Calanques qui, confronté au même problème, met en œuvre une politique de lutte très résolue, dans des conditions de milieu très difficiles.

Par ailleurs, nos adhérents seraient tout à fait à même de vous informer sur les autres terrains communaux en cours d’envahissement, afin d’y étendre la lutte.

Une telle démarche visant à préserver l’environnement de notre commune nous paraîtrait cadrer parfaitement avec le concept de Ville Nature que votre municipalité s’emploie à appliquer au quotidien.

Vous remerciant par avance pour l’attention que vous porterez à cette proposition, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’assurance de mes sentiments distingués.


La présidente,

B. Recorbet


POUR UN PARTAGE APAISE DES ESPACES BOISES DE BOUC BEL AIR

A l’initiative de la municipalité, une réunion de concertation a eu lieu le 8 novembre 2022 sur ce thème intéressant.
Placée sous la présidence de Joseph Cassaro, adjoint délégué à la sécurité, elle a réuni des conseillers municipaux de la majorité et de l’opposition, des représentants d’associations d’utilisateurs des espaces boisés (randonneurs, vététistes, chasseurs, cavaliers…), d’associations « généralistes », l’ADSB et ES13, et du Comité communal feux de forêts (CCFF), communément appelé « la Réserve ». Il est constitué de bénévoles qui arpentent les espaces boisés en été pour en assurer la surveillance et informer les promeneurs. Ils sont facilement repérables grâce à leurs gilets et véhicules de couleur orange. Ainsi chaque été des jeunes patrouillent à cheval ou en VTT pour informer les passants et lancer l’alerte en cas de départ d’incendie.

La discussion a d’abord porté sur l’information des utilisateurs et il y a eu rapidement un consensus sur la nécessité d’améliorer le site internet de la commune pour qu’on puisse y retrouver facilement l’ensemble des informations utiles sur les espaces boisés, notamment sur les interdictions d’accès en été et les périodes de chasse. La municipalité envisage également de placer des QR- codes sur des panneaux placés à l’entrée des forêts et permettant de savoir si on peut ou non accéder. A noter que le Nord de la commune dépend du massif de l’Arbois et le sud de celui de l’Etoile, et que de ce fait les restrictions d’accès peuvent ne pas être les mêmes au même instant…

Les obligations légales de débroussaillement (OLD) sont assez complexes et il est clair qu’elles demeurent assez largement inconnues des personnes concernées. Le CCFF est à même de conseiller les personnes souhaitant s’informer. Il dispose d’une page Facebook et a réalisé une vidéo didactique.

A noter que tous les espaces boisés libres d’accès n’appartiennent pas à la commune. Gestionnaire de la forêt communale, l’ONF repère les parcelles communales par des marques (une bande rouge entre 2 bandes blanches) peintes sur des arbres et donc facilement visibles. Lorsqu’on ne voit pas ces marques c’est qu’on se trouve sur une forêt privée.

La chasse a constitué le dernier point abordé. Le président de la Société Saint-Hubert a expliqué que cette société de chasse est centenaire et qu’elle ne chasse que sur environ 10% des 800 ha d’espaces boisés de la commune, principalement le long de la Carraire du Moulin et secondairement à la Champouse et au Moussou. Il n’y a pas de chasse les mardis et vendredis, sauf lorsqu’ils sont fériés et sauf le premier vendredi d’octobre. Il a insisté sur le rôle joué par les chasseurs en matière de surveillance et de protection de la forêt.

La demande du représentant de l’ADSB de voir figurer sur le site de la commune une carte représentant les zones chassables sous forme de « patatoïdes » a été acceptée. Ainsi informés, les promeneurs se sentiront en sécurité lorsqu’ils sont en zone non chassable, même s’ils entendent au loin des détonations…

Le président de la société de chasse ayant indiqué que les chasseurs étaient peu nombreux à chasser l’après-midi, il lui a été demandé s’il était envisageable de ne plus chasser le dimanche après-midi car les promeneurs sont alors nombreux sur la Carraire du Moulin. Il a répondu que le sujet était « en discussion » au sein de la société de chasse.
Lorsque des battues au sanglier sont organisées, des chasseurs veillent à ce que les promeneurs n’accèdent pas au périmètre concerné, ce qui leur vaut parfois des injures totalement déplacées puisque précisément ces chasseurs sont là pour assurer la sécurité et, de ce fait, ne chassent pas…

L’heure tournant, le sujet de la prolifération des sangliers, évoqué par le représentant de l’ADSB n’a pu qu’être abordé rapidement. Une cinquantaine de sangliers sont abattus ou capturés chaque année mais le débat sur la nécessité d’augmenter le nombre de battues pour mieux réguler la population de sangliers n’a pu avoir lieu.

Jean-Pierre Roubaud